Qui êtes-vous ?

Je suis une femme, immigrante et féministe. Cette identité m’a amenée à faire de la musique.

Comment avez-vous rencontré le CCO ?

Je suis rappeuse. En 2016, j’ai fait la première partie de Chill Bump dans la salle de concert du CCO. C’était mon premier concert. Depuis, je suis partie vivre à Paris puisque j’ai signé dans un label parisien, mais je garde un lien fort avec Lyon et surtout Villeurbanne. C’est là où les gens m’ont vraiment vu grandir en tant que rappeuse.

Quelle est votre implication dans La Rayonne ?

Je suis la marraine de Point du Chu…t, un projet de création musicale Slam et Rap avec des jeunes du Centre d’Hébergement d’Urgence Alfred-de-Musset. Je pense qu’on m’a sollicitée car j’ai une histoire un peu similaire à la leur. Je suis née à Goa, une ancienne colonie portugaise d’Inde. Ma mère a fui le pays quand j’avais deux ans. Nous avons habité au Portugal pendant un an, puis en Espagne, avant d’arriver en France en 2011. Je suis donc à même de comprendre la douleur qu’engendre le détachement de son pays, de sa famille et de tout ce qui nous ressemble.

Que faites-vous avec les jeunes dans le projet Point de Chu…t ?

J’anime des ateliers de rap dans lesquels je choisis l’approche de la musicalité. Je ne corrige pas leurs textes car je n’accorde pas d’importance au « sens commun ». Le but est que leur création ait un sens pour eux. L’argot fait partie de la culture urbaine. Je vais plutôt leur apprendre à chercher des mélodies et à explorer leur voix. J’ai envie qu’ils prennent conscience de leur talent. Pour ça, il faut leur laisser l’opportunité de se lâcher et de casser les codes, ce qui passe par la détente mentale. Avec des textes qu’ils ont travaillé en amont, on essaye ensemble de trouver des flow, des gimmicks, des mélodies… Point de Chu…t est un projet très ambitieux, qui mélange plusieurs approches musicales et touche des personnes qui n’ont pas forcément l’opportunité de participer à ce genre d’atelier. J’apprécie aussi qu’il y ait tant de femmes dans un atelier de rap, ça permet de casser les idées reçues.

Qu’est-ce qui vous plaît dans La Rayonne ?

Réunir à l’Autre Soie des logements sociaux ainsi que des lieux d’apprentissage et de divertissement est une excellente idée. D’abord ça permet de gommer certains préjugés et ça donne un accès direct et privilégié aux gens du quartier. La Rayonne offre l’opportunité de s’exprimer et de prendre conscience de son propre talent. C’est un projet ambitieux, empli de bonnes intentions, de positivité et de valeurs. Je m’identifie à tout ça.

Une définition de La Rayonne ?

La Rayonne est une explosion de couleur : on retrouve les couleurs de toutes les nationalités, de tous les genres musicaux et de toutes les vies qui se croisent ici.